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Générale Frédérique Nourdin

Frédérique Nourdin. Crédit photo: Fabrice Bourdeau/Garde républicaine

Frédérique Nourdin, première officière générale au sein de la Garde Républicaine dont elle est la commandante en second, est une petite femme chaleureuse qui avoue elle-même avoir « la bougeotte ». Mais derrière une personnalité pétillante on devine une volonté forte, une organisatrice hors-pair et une fermeté vis-à-vis de ce qu'elle considère juste.

Madame la générale de brigade n'a pas fait toute sa carrière dans la Garde républicaine. D'ailleurs elle a failli ne pas faire carrière du tout dans la gendarmerie. « Je ne voulais pas faire d'études longues. Je voulais être dans le service public, soit gendarme, soit infirmière, soit sage-femme, » me raconte-t-elle dans son grand bureau au Quartier des Célestins de la Garde républicaine en plein cœur de Paris, à deux pas de Bastille, un bureau qu'elle n'occupe que depuis 10 semaines.

Entre sage-femme et gendarme, elle a choisi la formation la plus courte lui permettant de rentrer « plus rapidement dans la vie active ». Pour autant, elle a étudié pendant toute sa carrière et aujourd’hui est titulaire d'un master MBA et d'un diplôme des hautes études du ministère de l'intérieur... Et puis ce métier lui était familier, son père étant officier de gendarmerie. 

« Je me suis inscrite en 1983 au premier concours de gendarmerie ouvert aux femmes. Seule l'école de sous-officiers de Montluçon nous accueillait », se souvient-elle, puis, saisie d'un doute concernant le nombre exact de filles dans sa promotion, elle ouvre un placard, trouve tout de suite la plaquette de sa promotion et confirme « nous étions un peloton de 37 filles pour deux pelotons de garçons ». Ancienne gymnaste « le parcours du combattant ne me présentait aucun problème mais la course à pied fut beaucoup plus compliquée ! ». Les garçons, ayant tous accompli leur service national, « avaient un temps d'avance sur nous, les filles, mais quand les premières notes sont tombées ce fut la douche froide pour eux, car nous avions globalement de meilleurs résultats. » Elle en rit encore !

En 1984, à l'âge de 20 ans, l'âge minimum requis, elle a pu prêter serment pour travailler au sein de la gendarmerie départementale. Mais trois ans plus tard, « j'ai failli quitter l'institution ». Elle ne s'étend pas sur ses raisons mais confie simplement « qu'à l'époque les relations entre les sous-officiers et la hiérarchie étaient difficiles ». Ce sont les « relations extraordinaires » qu'elle avait nouées avec ses collègues, les paysans et les ouvriers de sa circonscription qui l'ont retenue. Aujourd'hui elle ne regrette pas sa décision d'alors. « Je ne me suis pas trompée de métier », s'enthousiasme-t-elle, tout en admettant que son parcours est « très atypique » . Elle a touché un peu à tout. Son poste précédent était cheffe du bureau du recrutement, des concours et des examens des personnels militaires de la gendarmerie. Première femme chargée de la sécurité du Premier ministre, elle a aussi commandé la gendarmerie du transport aérien à l'aéroport Charles-de-Gaulle, entre autres. « J'ai toujours envie d'apprendre et je ne peux pas rester longtemps en place. Au bout de trois ans, une fois que j'ai fait le tour de mon poste, je n'aspire qu'à changer. » Mais « partout où je suis allée je me suis régalée » souligne-t-elle. Aujourd'hui croiser des chevaux l'enchante à chaque fois qu'elle traverse la cour. « Quelle chance de travailler dans ce cadre exceptionnel mais je ne monte pas ». Ou pas encore !

Mariée avec un officier rencontré lors de sa scolarité à l'école de Melun, ils forment aujourd'hui le premier et seul couple d'officiers généraux d’active de la gendarmerie. Ils ont une fille et un fils. « Conjuguer notre vie de famille à notre vie professionnelle a nécessité une organisation sans faille. Nous nous sommes toujours débrouillés pour que l'un de nous soit à la maison pour le dîner et le coucher même s'il fallait poursuivre notre travail à la maison une fois les enfants couchés. »

Même s'il lui arrive d'avoir à justifier son poste de général, Frédérique se refuse à interpréter une remarque sous l’angle d’une quelconque misogynie. « Je ne vais pas douter de moi ni de la confiance que me manifestent mes chefs  », dit-elle. Mais elle sait qu'elle a suscité l'étonnement et bénéficié dans son travail d'un « effet de surprise » auprès de la population, surtout en début de carrière. 

Je suis donc surprise à mon tour quand elle admet avoir souffert d'une grande timidité, dans son jeune âge. « Le port de l'uniforme m'a aidée ainsi que la gymnastique intellectuelle nécessaire quand on change régulièrement de poste mais une fois l'uniforme ôté je perdais de mon assurance. Il fallait que je me lance des défis. ». Cette timidité est en grande partie vaincue mais pas totalement admet-elle.

Quelle commandant est-elle ? « On a tous notre propre manière de commander ». Élevée dans le respect de la personne humaine, Frédérique n'élève jamais la voix « qui n'est pas assez forte d'ailleurs » et ne souffre pas les propos racistes, les dégradations, les commentaires dévalorisants. C'est inscrit dans ses gènes. Elle estime qu'une femme bénéficie d'un atout, celui de « véhiculer une image maternelle » qui peut encourager la confidence et faciliter les échanges. « J'ai pu le mesurer lorsque j'étais référente égalité de la gendarmerie. J'ai accueilli des hommes en difficulté ou en souffrance, parfois en larmes dans mon bureau, qui n'arrivaient pas à se confier à d'autres hommes. »

Ce n'est pas parce qu'on est générale qu'on n'est pas coquette. Frédérique s'amuse du fait que les confectionneurs d’uniformes tâtonnent. Il y a déjà une erreur sur son postillon et puis, elle ne bouderait pas le port d'une jupe lors des cérémonies et galas alors que la grande tenue ne le prévoit pas. « Une jupe avec des bottes et la tunique de la Garde républicaine, se serait très élégant, n'est-ce pas ? »