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Soldat 1ère classe Amandine

Amandine devant un VBL, véhicule blindé léger. Crédit photo: Sous-lieutenant Maud/Armée de terre

Amandine s'est engagée au régiment de marche du Tchad* comme mécanicienne à l'âge de 19 ans. C'était il y a deux ans, quand beaucoup de jeunes gens se sont engagés dans les forces armées ou la police suite à une série d'attentats terroristes en France. Mais « mon choix n'a pas été dicté par ces attentats », explique-t-elle. Simplement avec son certificat professionnel (CAP) en mécanique automobile et un baccalauréat professionnel, Amandine pensait que l'armée pourrait être le lieu idéal pour exercer ses talents de mécanicienne.

La mécanique la passionne depuis son enfance. « Mon oncle passait son temps à rénover ses propres voitures et j'adorais l'aider », dit-elle, en ajoutant que c'est la logique derrière la réparation des choses qui lui plaît. « Pour réparer quelque chose qui ne fonctionne pas, vous devez comprendre toute la chaîne du problème et voir que c'est parce que ce truc ici est cassé que cette chose là-bas ne fonctionne pas. Et j'adore élaborer cette chaîne de logique », s'enthousiasme-t-elle.

Sachant « que les exigences physiques pour entrer dans l'armée sont très dures, j'ai passé six mois à me préparer », me dit-elle via Skype. L'entraîneur de son club sportif lui a établi un programme d'entraînement spécifique 'préparation armée', se concentrant sur la musculation pour la force et la course à pied pour l'endurance. « Cela m'a beaucoup aidé », concède-t-elle. « Bien sûr, tous militaires, hommes et femmes, pratiquent les mêmes exercices, mais les exigences sont différentes. Alors que les hommes pourraient avoir à faire 50 pompes dans un laps de temps donné, nous n'avions à en faire que 45 », dit-elle avec désinvolture !

Amandine était l'une des deux filles parmi sa promotion de 40 jeunes engagés volontaires. À la fin de la période de formation générale initiale de trois mois, ce nombre avait fondu. Ils n'étaient plus que 17, les deux jeunes femmes étant toujours là, bien que l'une des deux soit partie peu après. « Un grand nombre de ceux qui ont abandonné l'a fait au cours des trois premières semaines, ayant compris qu'à l'armée on n'est pas en mode vacances ! » rit Amandine. « Quand je suis arrivée c'était radicale. Je me suis demandé 'dans quel monde je suis ?' et il m'a fallu trois semaines pour réaliser que 'je ne suis plus civil'. Ils vous font vraiment chercher au plus profond de vous-même les raisons qui vous ont poussé à vous engager », et il est clair que plus de la moitié n'y parvient pas. « Une chose super », dit elle dans un grand sourire, « c'est qu'on ne perd pas de temps le matin à s'habiller. C'est toujours la même chose ! »

Et au cas où vous vous poseriez la question, sachez que sa coupe de cheveux radicale n'a rien à voir avec l'armée. « C'est une coupe que j'ai depuis 2014 [quand elle avait 15 ans]. J'en avais marre des queues de cheval et des chignons. Ma famille a été un peu surprise », rigole-t-elle, « mais ils s'y sont habitués maintenant et c'est super pratique ! »

Amandine travaille sous un GBC, véhicule cargo tout terrain. Crédit photo : Sous-lieutenant Maud/Armée de terre

Les jeunes encore présents après les trois mois de formation général initiale passent ensuite normalement trois mois à suivre une formation technique supérieure. Mais comme Amandine avait déjà une formation en mécanique, elle a passé ce temps à être formée par ses chefs sur les poids-lourds et les véhicules légers. Elle a ensuite passé deux mois dans le cadre de l'opération anti-terroriste Sentinelle mais n'a pas patrouillé dans les rues. « Je suis restée dans mon rôle de mécanicienne et j'ai donc veillé sur les véhicules », explique-t-elle. Mais elle effectuera sa première opération à l'étranger au début de 2021 et attends impatiemment ce déploiement.

La vie militaire répond aux attentes d'Amandine. Elle a donc décidé d'y faire carrière et de ne pas partir après la fin de son contrat de cinq ans. « Je vais postuler au concours de sous-officier à Saint Maixent », dit-elle. Elle ne devrait pas avoir de problèmes car lors de ses contacts initiaux avec le bureau de recrutement de l'armée, on lui avait indiqué qu'elle était éligible pour devenir sous-officier. « Mais, à l'époque je ne voulais pas et je ne regrette absolument pas cette décision. Plutôt que de tout apprendre en huit mois, j'ai appris en prenant mon temps et j'ai acquis beaucoup d'expérience et je pense que ces choses seront importantes quand je serai en position de commander », dit posément cette jeune femme déterminée.

Elle trouve très drôle l'idée qu'elle pourrait un jour commander l'un de ses petits frères. « Personne dans ma famille était militaire, mais mon expérience a inspiré au moins un de mes frères et il pourrait s'engager d'ici deux ou trois ans », sourit-elle.

Elle est également déterminée à garder un équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle. « C'est la clé », dit-elle.

Et qu'en est-il des clés de son propre succès et des conseils pour aider d'autres jeunes femmes qui pourraient vouloir rejoindre les rangs de l'armée? « Il faut faire du sport, avoir une bonne hygiène de vie et être prête à travailler, car le travail c'est la clé de la réussite ».



*Régiment de marche du Tchad. Un « régiment de marche » est un régiment constitué d'unités qui appartenaient à l'origine à d'autres régiments. Cette unité mécanisée, formée en juillet 1943, fait partie des Troupes de Marine, le corps de l'armée française spécialisé dans les opérations extérieures.