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Sergent Myriam

Myriam devant un de ses camions. Crédit photo: Lt. Lydie/armée de terre

Même si elle révait depuis son enfance de s'engager dans l'armée, Myriam, prévoyante, s'est d'abord tournée vers la restauration « pour après l'armée ». Consciente du fait qu'un militaire peut prendre sa retraite puis s'orienter vers une deuxième carrière, elle s'était dit qu'un brevet professionnel cuisine lui permettrait toujours de trouver du travail (sauf en période de pandémie mais espérons que cela n'arrive qu'une fois par siècle). Aujourd'hui chef d'équipe pompier militaire, Myriam n'a pas indiqué si elle prépare aussi de bons petits plats pour ses collègues !

Suite à des études en alternance pour acquérir le brevet professionnel cuisine, Myriam est partie comme fille au pair en Grande Bretagne. Modeste, elle ne se déclare pas bilingue mais veut bien admettre avoir un « très bon » niveau d'anglais. Et puis, son conjoint de l'époque étant Brésilien, elle est aller passer un an au nord-est du Brésil et admet « bien » se débrouiller en portugais. Pas encore décidée à s'engager lors de son retour d'Amérique du Sud, Myriam utilise sa formation pour travailler deux ans en restauration traditionnelle. Mais l'armée est ancrée dans l'histoire de sa famille. « Mon père, mes oncles, et une bonne partie de ma famille sont militaires, alors je baigne dedans depuis petite ! » Sa petite sœur, elle même engagée depuis plusieurs années, l'encourage à tenter sa chance. « C'est pour ça que je me suis finalement lancée », reconnaît Myriam.

Avec son brevet professionnel cette jeune femme sérieuse aurait pu prétendre entrer dans l'école des sous-officiers à Saint-Maixent, mais elle a alors 25 ans révolus, donc trop âgée pour cette option. Elle s'engage alors comme militaire du rang dans le 3e régiment d'hélicoptères de combat car ce qui l'intéresse c'est le métier de pompier aéronautique. Suite aux trois mois de classes militaires, Myriam suit une formation complète pour ce métier très particulier au sein des forces armées. « Il faut connaître la spécificité des hélicoptères », pour savoir à quel type d'incendie on risque d'être confronté, explique-t-elle. 

En réponse à ma remarque que, fort heureusement, les incendies dans les aéronefs sont rares et qu'elle doit donc un peu s'ennuyer, elle me répond qu'en dehors d'être sur la piste quand il y a des vols, la quarantaine de pompiers (dont six filles) sur sa base passent beaucoup de temps à l'entraînement, à entretenir leur matériel et surtout à former tous les autres militaires aux gestes de secourisme. Cela aide à maintenir leurs acquis médicaux car « contrairement à nos collègues dans le civil, nous ne sommes pas énormément sollicité pour des incidents de secourisme car sur la base il y a des médecins et du personnel infirmier », souligne-t-elle.

Myriam affirme que « mis à part notre tenue, car nous sommes en bleu comme les pompiers civils, nous pompiers sommes déployés tout comme les autres militaires ». Elle est allée au Mali et en Côte d'Ivoire où l'équipe de pompiers est chargée de la sécurité incendie pour tout le camp. Myriam participe aussi aux opérations en Métropole, Sentinelle par exemple, lancée au lendemain des attentats en janvier 2015 pour faire face à la menace terroriste et protéger les points sensibles du pays.

Pour monter en grade et avoir plus de responsabilités Myriam a souhaité devenir sous-officier. C'est tout à fait possible quand on a été militaire du rang depuis un certain nombre d'années. Il suffit de réussir les tests. Myriam a donc été admise à l'école de Saint-Maixent, mais, contrairement aux jeunes recrues qui y passent huit mois, les admis « internes » à l'armée n'y passent que quatre mois « et nous ne sommes pas mélangés avec les jeunes sous-officiers ».

Myriam aux commandes de son équipe. Crédit photo : Lt. Lydie/armée de terre

Depuis, elle est responsable d'une équipe de garde, chargée du bon déroulement de la permanence de 24 heures. « Cela commence une demi-heure avant le premier vol et se termine un quart d'heure après le retour du dernier vol », explique-t-elle. Il y a six personnes dans une équipe : un au téléphone ; un conducteur et le chef des secours dans un véhicule rapide muni du premier matériel ; deux personnes dans un véhicule équipé d'un canon à eau sur son toit ; et puis le conducteur d'un troisième véhicule qui apporte le gros matériel.

« Quand on commence on est au téléphone », sourit-elle, « puis l'armée vous fait passer votre permis poids lourd et l'on devient le conducteur d'un des camions. Ensuite on devient chef d'équipe. »

Myriam, engagée depuis 11 ans, aimerait bien aujourd'hui passer au stade supérieur : devenir chef de manœuvre confirmé après une formation de trois semaines. On a l'impression que pendant quelques années encore le sergent Myriam préfère commander des camions plutôt qu'une brigade de cuisine !