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Générale Christine Chaulieu

Crédit photo : Christina Mackenzie

Christine Chaulieu fut nommée générale de brigade de l'armée française le 19 juillet 2016, la première femme d'active de l'armée à atteindre ce grade depuis 26 ans, et la quatrième à gravir aussi haut les échelons dans toute l'histoire de l'armée française¹.

Il y a quelques mois, j'ai rencontré cette femme discrète, sportive et charmante, qui a gagné sa promotion après 34 ans de carrière dans le renseignement et les relations internationales. Elle fut nommée en septembre dernier représentante militaire adjointe de la France au Comité militaire de l'Union européenne, elle est donc désormais basée à Bruxelles. Un peu mal à l'aise face à l'attention qui se porte sur elle, Madame la générale accepte néanmoins de parler plus librement pour démontrer aux jeunes femmes qui pourraient être tentées par une carrière dans l'armée qu'il y a une place pour elles et qu'il est tout à fait possible de gravir les échelons.

Fille de militaire, elle ne se destinait pas du tout à suivre la voie paternelle. Après une maîtrise de langues étrangères appliquées (allemand et anglais) obtenue en Allemagne, sa bougeotte et sa soif d’aventures la mènent aux Bahamas où elle travaille pendant trois ans comme hôtesse de l’air pour Air Bahamas. Mais le manque de perspectives de carrière, « chef de cabine, c’était le plafond », rit-elle, la ramène en France et elle se dit que, finalement, une carrière militaire pourrait lui offrir la mobilité, les perspectives de progression de carrière et le sport qu’elle recherche. 

En 1982 l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr et l’École Militaire InterArmes à Coëtquidan sont encore fermées aux femmes, alors elle tente sa chance dans l’école voisine, l‘École militaire du corps technique et administratif.1 Après cette année de formation elle choisit le Groupe de spécialité Etat-major, puis suit une année de formation d’application à l’EAM de Montpellier. Elle gravit les échelons de la hiérarchie, notamment en devenant la première femme attaché de défense quand elle est nommé à ce poste au Danemark en 2005 puis en Autriche en 2013 où elle est non-seulement Attaché de défense mais aussi attaché de défense non-résident pour la Hongrie, la Slovaquie et la Slovénie. C’est sa troisième affectation à l’étranger. Lors de sa première, en Allemagne, fraîchement diplômée de l’EAM, elle y rencontre son mari, militaire français lui aussi. Quelques mois après leur mariage, il est posté à Berlin, mais elle reste comme sous-lieutenant au 20e régiment du train de Baden-Baden. « Il fallait faire 800 km pour se voir », se rappelle-t-elle « et à l’époque de la Guerre Froide il n’était pas aisé de traverser l’Allemagne de l’Est pour aller à Berlin Ouest ».

Comme ses camarades masculins, Christine a gravi les échelons, passé les concours. Promue capitaine en 1990 puis mutée à la Direction du renseignement militaire de Creil de 1993 à 1996, elle est cheffe de la section « activité » au centre de coordination de l'action renseignement. Mais même 15 ans après le début de sa carrière, en 1997, elle s’est vu demandé par un camarade au début de ses études au Collège interarmées de défense (devenu l’Ecole de Guerre) en 1997 « si j’avais passé le concours comme lui », s’étonne-t-elle encore. 

La principale difficulté de sa carrière a été de concilier sa vie professionnelle et personnelle. Les grand-parents ont été d'un grand secours pour garder sa fille, mais elle a quand même dû payer « des frais de garde très importants ». Comme nombre de ses camarades masculins, elle aussi s'est retrouvée célibataire géographique de temps en temps. Malgré ces quelques difficultés, sa carrière militaire et ses 13 affectations différentes ont « pleinement répondu à mes attentes ».

¹ La générale de brigade Andrée Tourne a été nommé le 1/12/1988, le même jour que Louise Coppolani (du corps des commissionnaires qui appartenait à l'époque à l'armée et qui a été nommé générale de division le 1/08/1991). La générale de brigade Anne-Marie Meunier a été nommé le 1/09/1990.

² Fondée en 1977, l'EMCTA a fermé ses portes en août 2010 lors de sa fusion avec l'EMSAM (Ecole Militaire d'Administration et de Gestion) de Montpellier pour créer une nouvelle école: l'EAM (Ecole d'Administration Militaire) qui, elle-même, a fermé ses portes en 2013.