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Général de division Sharon Nesmith

Sharon Nesmith est la seule femme général de division de l'armée de terre britannique et la deuxième de toute l'histoire de l'armée a atteindre ce grade.* Elle est également la première femme à commander une brigade opérationnelle et à être membre du conseil exécutif de l'armée. Au début de sa carrière en 1992, seule au fond du terrain de parade de l'Académie royale militaire de Sandhurst avec une canne à la main à la place du fusil réglementaire, mise à l’écart de ses camarades masculins qui faisaient leurs exercices avec des fusils, elle ne s'imaginait sans doute pas qu'une brillante carrière s’offrirait à elle.

Elle s'est engagée en 1992 parce qu'elle « était attirée par l'esprit d'aventure, la vie en équipe, le leadership. Une carrière dans l'armée offrait également une variété de rôles et de lieux de travail », explique-t-elle, ajoutant que « mon frère pensait à l'époque s'engager, et c'est ça qui a semé l'idée dans mon esprit. Mes parents ont également eu une influence extrêmement positive sur ma réflexion. Ils me disaient : 'tu peux faire tout ce que tu veux, et absolument rien n'est lié au genre' ».

Bien que « les jeunes femmes aujourd’hui ne reconnaitraient tout simplement pas du tout l’armée de mon époque, qu’elles trouveraient probablement assez odieuse à certains égards », néanmoins, « l’attractivité de l’armée reste la même. Tout ce qui m'a attiré dans l'armée au début a tout à fait été à la hauteur de mes attentes et même plus. Vous ne le savez pas avant de vous engager, mais le sens du devoir, la forte boussole morale et la façon dont nous voyons ces choses reflétées dans nos valeurs et nos normes sont les principales raisons pour lesquelles je suppose que je suis encore aujourd'hui dans l'armée ! »

Sharon est particulièrement fière que l'armée soit « aujourd'hui clairement plus inclusive, et que beaucoup plus d'opportunités sont disponibles pour tout le monde, mais surtout pour les femmes. Ces éléments, et les politiques qui les sous-tendent, signifient que nos comportements et notre culture sont extrêmement différents de ce qu'ils étaient il y a 27 ans. »

Lorsqu'elle a pris le commandement de sa première troupe du 28e Régiment de transmissions, qui se préparait à partir en opération, on lui a dit qu'elle ne pourrait pas être déployée « parce qu'à cette époque, il n'y avait pas de femmes en première ligne. Je trouvais cela injuste et je l'ai dit et alors j'ai été déployée. Mais c'était l'état d'esprit [qui prévalait] lorsque je suis entrée dans ma première année de régiment. »

Et il y a aussi d'autres exemples. On lui a demandé de signer un morceau de papier « qui disait que si je choisissais d'avoir une famille, ce serait la fin de ma carrière. Et cela ne semblait pas inhabituel à l'époque ! » Mais, note-t-elle, cette injonction n'a pas duré longtemps « parce que je suis maintenant mariée et mère de famille ! » Son mari est chirurgien arboricole et le couple a deux fils. Dans une précédente interview elle remarque que « être maman est un défi en soi. Être maman et avoir un poste important, c'est un double défi ! Il y a des jours où je pense que j'ai du mal à tenir le cap et il y en a d'autres où je regarde mes garçons et je me dis que je leur donne un bon modèle. » Mais, dit-elle avec un sourire triste, bien qu'elle ait « une famille extrêmement solidaire » et qu'elle ait eu le soutien de ses collègues tout au long de sa carrière, « je ne dirais pas une minute que c'est facile ».

Durant les premières années de sa carrière il y a eu des périodes « où j'ai essayé de m'intégrer davantage ; j'ai essayé de ressembler davantage à toutes les personnes qui m'entouraient », mais aujourd'hui elle reconnaît que la force qu'elle avait c'était précisément « de ne pas ressembler à toutes ces personnes autour de moi. Mais il faut un certain niveau de maturité personnelle et professionnelle pour se sentir à l'aise avec cela. »

Elle dit que « s'il y a un conseil que je pourrais donner aujourd'hui à la jeune femme que je fus, ce serait certainement d'être confiante et à l'aise dans sa peau, de garder tout cela en perspective et de profiter du moment. »

Après avoir été la première femme à commander une brigade « et ce fut un véritable honneur de planifier et de diriger les soldats et officiers sous mon commandement » dans un environnement opérationnel hautement technologique et très contemporain, elle est maintenant la première femme directrice du personnel de l'armée et, à ce titre, siège au conseil d'administration.

Dans ce poste, elle pointe les politiques qui agissent comme des barrières pour les femmes qui souhaitent s'engager, notamment « découpler notre progression de carrière des moments clés de notre cycle de vie de femme, car en effet, vous ne voudrez peut-être pas avoir à assister à un programme résidentiel d'avancement de carrière juste au moment où vous songez à fonder une famille. »

Sharon admet dans une autre interview qu'elle a passé la majeure partie de sa carrière « à éviter d'être un modèle et j'avais tellement tort. J'ai sous-estimé à quel point il était important de voir quelqu'un qui vous ressemble un peu, qui agit un peu comme vous, qui pense un peu comme vous, faire quelque chose que vous voulez faire. Et je me rends compte maintenant que j'aurais dû jouer ce rôle de modèle beaucoup plus. »

Je n'ai pas interviewée Sharon personnellement pour ce portrait mais Women in Defence UK l'a fait en septembre 2019 et ils m'ont gentiment donné la permission de reproduire (sous forme éditée) leur interview, que vous pouvez trouver ici.

* La première, la général de division Susan Ridge, a pris sa retraite le 18 octobre 2019.