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Zineb Ziani Abou-Zite

Zineb Ziani Abou-Zite. Photo personnelle

Zineb Ziani Abou-Zite est ingénieure en informatique et experte en criminalistique. Nos chemins se sont croisés lors d’une exposition où elle faisait la démonstration du laboratoire mobile qu’elle a contribué à développer pour la gendarmerie française. Quoique n'étant pas gendarme, elle travaille néanmoins avec eux et ce parcours atypique, ainsi qu’une bonne humeur communicative, m’ont convaincu que son portrait avait sa place sur Wombat. 

Zineb n'est ni experte médico-légal ni même ingénieur en informatique au début de sa vie professionnelle.

« J'adorais tout ce qui a trait à la publicité et au marketing et c'est vraiment ça que je voulais faire », sourit-elle. Elle a donc passé un baccalauréat littéraire en travaillant intensément aussi l'anglais, l'espagnol et l'italien afin de pouvoir communiquer dans ces langues en plus de ses deux langues natales : le français et l'arabe.

Alors, comment passe-t-on de la publicité à la criminalistique ? « J'enseignais la bureautique et la publication assistée par ordinateur, des choses comme Word, Excel, etc. et j'ai rencontré un chercheur qui m'a invité à écrire un petit livret pour les chefs d'établissement scolaires sur l'introduction des TIC [Technologies de l'Information et de la Communication] dans l'éducation », explique-t-elle. Son intérêt pour l'informatique a été piqué par ce projet. Elle a donc fait un Master en Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication à l'Institut National Polytechnique de Lorraine (où elle était la seule femme de la classe), puis a commencé à développer du code pour le Ministère national de l’Éducation. « Mais j'ai réalisé que je voulais faire plus que cela, je voulais faire de la gestion de projet et c'est juste à ce moment précis que mon chemin a croisé celui de TracIP. »

Cette société française, spécialiste de l'investigation numérique et de la récupération de données sensibles, est le premier partenaire des agences gouvernementales - police, défense et justice - dans leur lutte contre la cybercriminalité. Zineb a rejoint l'entreprise en septembre 2016 car elle ne ferait pas uniquement de l'expertise médico-légale, mais aurait aussi à sa charge la gestion d'un nouveau projet : le Mobil'DNA. Le commandant de gendarmerie Sylvain Hubac, docteur en biologie moléculaire et génétique, a breveté un système permettant d'obtenir un résultat de test ADN en quelques heures au lieu des sept à huit heures normalement nécessaires. Mais la gendarmerie voulait pouvoir faire ce test sur le terrain, là où les victimes ont été retrouvées. Zineb a donc travaillé main dans la main avec le commandant Hubac et son équipe pour apporter des améliorations technologiques et ergonomiques au laboratoire mobile qui est déployé soit sur une scène de crime, ou à la suite d'un attentat terroriste, d'un accident ou d'une catastrophe naturelle pour pouvoir identifier sur place, en quelques heures, les victimes grâce à leur ADN.

« Je suis la seule femme ingénieur de l'entreprise. Le monde de l'informatique est plutôt macho, c'est un monde de geeks », rit Zaneb. « Alors, je mets toujours un point d'honneur à porter des talons hauts », ajoute-t-elle. Néanmoins, Zineb s'est toujours sentie la bienvenue et n'a jamais souffert de discrimination dans sa vie professionnelle qui serait dû à son genre. Et elle a toujours veillé à ce que son salaire soit identique à celui de ses collègues masculins.

Zineb admet qu'elle fait très bien plusieurs choses à la fois, mais pour faire face à ses engagements professionnels et familiaux (elle a trois enfants dont le plus jeune n'a que 7 ans), elle compte non seulement sur une bonne organisation mais aussi sur l'aide de son mari, des grands-parents présents pendant les vacances scolaires et d'une femme de ménage qui s'occupe aussi du repassage.

A partir de janvier elle aura besoin de toute leur aide car elle entamera une nouvelle formation pour obtenir un diplôme universitaire en criminalistique à l'Université de Cergy-Pontoise, une banlieue au nord-ouest de Paris. Même si elle ne doit y aller que trois jours par mois, cela fait quand même loin de Nancy, dans l'est de la France, où habite Zineb. « Je suis une éternelle étudiante », plaisante-t-elle.

« Je suis vraiment fière de ma carrière. Mes parents, qui ont émigré du Maroc en France au début des années 1970, sont d'autant plus fiers qu'ils ont investi dans notre éducation et ainsi contribué à la réussite de leurs enfants : une de mes sœurs est dans la médecine, l'autre est avocate et mon frère travail dans le milieu théâtral », dit-elle.

À un moment, Zineb s'est posée la question de retourner dans le milieu de l'enseignement, une idée qui a scandalisée sa fille aînée « Je ne veux pas d'une mère enseignante, je préfère en avoir une qui soit ingénieure et chercheuse », s'est-elle exclamée. Ainsi fût réglée la question !