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Marielle Roux

Marielle Roux. Photo personnelle

Marielle admet volontiers avoir « toujours été intéressée par les maths », baignée dedans par ses parents, professeurs de maths et de physique. Attirée par l’informatique, elle entreprend un Master en informatique durant lequel il faut faire un stage. « Je l’ai réalisé dans une banque et là je me suis vite rendue compte que l’informatique de gestion ne me plaisait pas », rit-elle. Alors elle œuvre pendant une grosse décennie dans le domaine spatial avant d’aborder celui de l’aéronautique. Aujourd’hui, au sein de Collins Aerospace - Avionics elle est Directeur Europe Certification, Safety, Cybersécurité & IA (intelligence artificielle).

Son job est de s’assurer que les systèmes avion sur lesquels l’entreprise intervient sont conformes à toutes les normes réglementaires, sévères dans le domaine de l’aviation civil et militaire. Avec son équipe d’une trentaine d’experts elle doit certifier que ces systèmes avion sont ‘sûrs’. Marielle utilise de préférence le mot anglais « safe ». Et comme aujourd’hui les avions deviennent de plus en plus connectés, il faut être absolument certain que ces systèmes ne peuvent pas faire l’objet d’intrusions. En d’autres termes, il faut mener en amont de leur conception les analyses de vulnérabilité appropriées et ainsi les protéger, les rendre résilient contre toute attaque cyber potentielle. 

Mais même si Marielle concède « apprendre tous les jours dans son métier » elle se voit comme le chef d’orchestre de ses experts pour s’assurer que « tous les systèmes embarqués soient ‘safe’Mon rôle de manager c’est d’aider mes experts à se développer, à créer de la diversité et de la complémentarité dans l’équipe. Par exemple, au début nous n’étions que deux et au fil des années, mon département a été étendu par l’ajout de compétences en certification avion, safety, cybersécurité, et plus récemment, en intelligence artificielle » orienté machine learning pour l’essentiel, explique cette femme d’un abord facile. Dans l’industrie aéronautique, « L’IA nous sera d’une aide précieuse pour faire de la maintenance préventive [c’est à dire de remplacer ou réviser un élément matériel avant que celui-ci n’entraine une avarie], la gestion de la performance des vols, l’aide à la décision ou la reconnaissance d’une intrusion cyber, par exemple. »

Collins Aerospace à Toulouse œuvre aussi bien dans le secteur militaire que civil. En ce moment Marielle consacre une part importante de ses activités au domaine militaire car cette filiale française d’une maison mère états-unienne est le maître d’œuvre de la rénovation des 14 C-130 H de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Acquis entre 1987 et 1996 ces avions servent à transporter du fret et/ou des passagers et peuvent aussi effectuer des missions spécifiques. Elle explique que ce programme de rénovation vise à entièrement moderniser l’avion, un vaste chantier sur lequel Collins Aerospace n’est pas seul à travailler. « Nous travaillons avec des sous-traitants alors il faut aussi nous assurer de la sécurité des réseaux mis en place avec notre chaîne de sous-traitance. C’est tout un écosystème que nous devons protéger. »

Marielle a débuté sa carrière dans les systèmes de contrôle des satellites. « Je travaillais dans les systèmes sols plutôt que sur les satellites eux-mêmes. » La difficulté est que dans le domaine spatial « on a qu’une chance car il n’y a pas la possibilité d’essais vol au préalable ». Une fois la fusée décollée, il est trop tard ! Au fur et à mesure de son avancement professionnel, cette femme avec son rire facile se trouve dans un poste transverse de direction générale. « Je travaillais moins sur un projet particulier mais plutôt en autonomie comme consultante dans des domaines techniques variés. » Alors même si elle souligne qu’elle n’était « pas malheureuse du tout », cependant, le travail en équipe lui manquait.

Le jour où on lui propose alors d’être intégrée sur un projet chez Collins Aerospace, elle saute dessus. « L’entreprise, le projet et les enjeux m’intéressaient » raconte-t-elle. Six mois plus tard Collins lui propose un poste permanent « même si je leur avais annoncée être enceinte de mon premier enfant », sourit-elle.

Quand je lui demande si son parcours professionnel dans ce monde très masculin qu’est l’aéronautique et l’espace s’est déroulé sans heurts, elle réfléchit mais n’en trouve aucun. « J’ai toujours bénéficié d’une bienveillance autant de la part d’hommes que de femmes, de sorte que je ne me suis jamais sentie restreinte dans ce que je voulais faire », dit-elle. 

Mariée et mère de deux filles, aujourd’hui jeunes adultes, elle admet être peu intéressée par « le jardinage et la cuisine », mais cette passionnée de ski parcourt volontiers des centaines de kilomètres pour s’adonner à son sport préféré le temps d’un week-end !