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Nathalie Cottin-Roux

Nathalie Cottin-Roux. Crédit photo : Nexter Systems

Nathalie est ingénieure, experte en soudage au sein du groupe Nexter, leader européen de la défense terrestre, où elle est responsable du pôle de compétences structures mécanosoudées. « Je trouve gratifiant de travailler à la protection des militaires. C’est notre objectif premier », dit-elle lors d’une conversation par visioconférence.

Les gens sont souvent surpris qu’elle se soit orientée vers la soudure mais elle explique que son « métier est très, très large car le soudage il y en a partout dans des branches d’activités très différentes ».

Curieusement c’est lors d’un stage au CEA-DAM, Commissariat à l’Énergie Atomique (aujourd’hui le Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives) Direction des Applications Militaires, entrepris dans le cadre de ses études de chimie à l’Université de Rennes, que son maître de stage lui propose de poursuivre ses études en matériaux. « Alors j’ai bifurqué vers une école d’ingénieur en matériaux et me suis spécialisée en métallurgie », raconte-t-elle en ajoutant qu’il était « assez logique de travailler sur le soudage car 90 % des métaux sont assemblés comme ça ».

Petite fille dans sa Bretagne natale, elle se destinait a être « monitrice de planche à voile ». Mais face à son institutrice qui estime que ce n’est pas un métier, elle bifurque « alors ingénieure ! » Mais en fait « j’étais une élève plutôt littéraire, même si j’ai fait un bac scientifique, et pour moi les mathématiques était trop abstraites alors je me suis tournée vers la chimie, plus concrète à mon goût ».

Elle s’est posée beaucoup de questions avant d’intégrer la 63e promotion de l’École Supérieure du Soudage et de ses Applications (ESSA). « Je me demandais si je ne perdais pas mon temps, si je trouverais un travail à la fin de mes études. » En réponse à ses inquiétudes un professeur lui déclare « avec le caractère que vous avez ça va le faire ! » Elle admet bien volontiers que « certains peuvent me trouver un peu cassante. Mais pour moi il faut dire ce qu’il y a à dire. Il faut mettre les choses sur la table et discuter. » Lors de notre petite heure de conversation, j’ai eu effectivement l’impression que Nathalie est une femme qui a du répondant et qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.  A l’ESSA « nous étions cinq femmes parmi les 30 élèves, ce nombre était le plus important depuis la création de l’école ! » s’étonne-t-elle encore aujourd’hui.

En 1994 quand elle postule pour son premier job par le biais d’un cabinet de recrutement, la décision tarde sur l’attribution du poste. C’est à elle qu’il revient finalement mais le cabinet admet que c’est son genre féminin qui crée l’hésitation. « Trouver le premier job est difficile mais après, le monde du soudage étant petit, cela devient beaucoup plus facile », dit-elle.

Nathalie devant une rangée d’engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC) “Jaguar”. Crédit photo : Nexter Systems

Après quelques années apportant un support technique auprès de clients et de fournisseurs, elle choisit en 2006 d’intégrer Nexter. D’abord parce que pour Nathalie « l’industrie de la défense c’est important » mais aussi « si je devais comparer à un constructeur automobile civil, ici c’est un peu comme la Formule 1 car on est sur des technologies de pointe ». Aujourd’hui elle gère une équipe d’une vingtaine de personnes. Nathalie fournit aussi un soutien technique et passe beaucoup de temps en discussion avec le bureau d’études. Elle s’explique : « Par exemple, sur le véhicule Griffon nous nous sommes engagés à ce que 70 % des soudures soient robotisés car cela permet de faire baisser les coûts de production. Pour le Serval le soudage est effectué par friction malaxage -- le FSW dans notre jargon – alors la conception des véhicules doit être faite en prenant en compte le type de soudage qui a été choisi. » Elle rajoute que sans cette technologie FSW, pour laquelle l’entreprise achète la machine dédiée, « on n’aurait pas réussi à atteindre les exigences de l’armée de terre.  Avec ce procédé les caractéristiques mécaniques des matériaux ne sont pas détériorées, alors cela permet de mieux protéger les occupants du véhicule sans l’alourdir, permettant ainsi aux militaires de conserver leur capacité d’emport. »

Pour retrouver la forme après un traitement pour un cancer de type lymphome en 2012 Nathalie s’est mise à courir « pas très vite » rit-elle car elle n’est « absolument pas sportive ». Elle a néanmoins fini le marathon de Stockholm en 5h26 « que j’avais choisi car je pensais qu’il ne ferait pas trop chaud au mois de juin en Suède : erreur ! » Aujourd’hui elle préfère des courses plus courtes, de 10 km, et la marche nordique.

Maman d’une fille, Nathalie est l’épouse d’un directeur commercial mais reste discrète sur sa vie privée concédant simplement que sa « vie professionnelle a beaucoup mordu sur ma vie privée ».