Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

Béatrice Nicolas-Meunier

Béatrice Nicolas-Meunier

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Béatrice Nicolas-Meunier. Crédit photo : Naval Group

« Je ne rentre dans aucune case », rigole cette femme athlétique (elle court des demi-marathons) qui occupe actuellement un poste qu'elle a crée de toute pièce au sein de Naval Group en France : Directrice Générale, Innovation Collaborative et Programmes R&D.

Très tôt elle a commencé à se rebiffer contre les à priori. Au lycée, ses professeurs l'ont poussée vers des études de SVT (sciences de la vie et de la terre), sans doute parce qu'ils trouvaient cela plus approprié pour une fille qui, elle, aurait préféré étudier la physique et la chimie. Elle a donc consciencieusement passé un Bac D (orientation SVT) suivi d'études de biologie à l'université.

« Mais je me suis très vite rendue compte que la biologie ce n'était pas pour moi et j'ai donc repassé un bac, C cette fois (orientation mathématiques et physique) afin de pouvoir étudier la chimie et la physique à l'université. » Ses études se sont poursuivi par un diplôme d'ingénieur en innovation et matériaux avancés.

“Les gens ont besoin de se sentir soutenus même dans l’échec”

Mais ensuite, comme elle le souligne, sa carrière « n'est pas en ligne droite du tout ».

Son premier poste fut dans une entreprise en Suisse spécialisée dans les matériaux de projection thermique pour des applications aéronautiques, automobiles et médicales. « C'étaient de nouveaux matériaux, notamment les composites, et cela m'intéressait », explique-t-elle. Mais quatre ans plus tard, elle reprenait des études pour obtenir un double MBA en stratégie et en finance de la Cranfield School of Management au Royaume-Uni et de l'EM Lyon en France.

À première vue, son poste suivant n'avait pas grand-chose à voir avec la chimie, même si elle dit que « mon côté scientifique m'a aidé à comprendre comment on intègre de nouvelles idées en entreprise ». Elle est devenue la plus jeune associée féminine de KPMG Peat Marwick, tout en suivant un cours de management en ligne à l'Université Cornell de New York, obtenant un diplôme [encore un!] en réflexion stratégique.

À ce stade la chimie était loin derrière elle et lorsqu'elle quitte Peat Marwick après neuf ans c'est pour devenir actionnaire et gestionnaire d'une entreprise fournissant des services d'investissement à un stade précoce en Suisse, en France et au Royaume-Uni. En parallèle, elle fonda une entreprise, dont elle fut la directrice générale, pour fournir des conseils en stratégie et en développement dans de nouveaux secteurs d'activité, et faire de la gestion de croissance et de changements organisationnels.

« Cela signifie donc que je peux parler de levée de fonds avec les directeurs financiers, de nouvelles technologies avec les geeks informatiques et que je peux challenger nos architectes navals ! » souligne-t-elle.

C'est à l'automne 2012 qu'elle entend parler de changements en cours au sein de DCNS, (aujourd'hui Naval Group), groupe français de systèmes navals. Elle en prend connaissance et soumet une candidature spontanée en y rajoutant quelques idées et projets au PDG. Elle est embauchée pour un poste qu'elle crée : Directrice d'une nouvelle Direction Équipementière. En parallèle elle lance le Think Tank stratégique transverse « Valorisation des Océans ».

« Naval Group est un univers très masculin », m'explique-t-elle, « et très différent des autres sociétés pour lesquelles j'avais travaillé parce que l'actionnaire principal est le gouvernement français, nos clients ne sont que ceux approuvés par l'actionnaire, le sujet est la défense, il y a de multiples acteurs dans les prises de décision, et nos produits ont un cycle de vie très long, entre 35 à 50 ans donc les équipes qui y travaillent changent. »

Son premier défi a été de comprendre les principaux produits : les sous-marins et les frégates. « Alors », dit-elle pas peu fière, « j'ai réussi à convaincre la Marine nationale et Naval Group de me laisser passer quelques jours à bord d'un sous-marin lors d'une mission, l'une des toutes premières femmes à l'avoir fait en France ! Mais je faisais très attention à ne pas prendre de place, alors », ajoute-t-elle en riant « je n'ai pas pris de douche pendant les quelques jours où j'étais à bord ! » Elle a aussi pu passer du temps à bord d'une frégate afin de comprendre quel type d'innovations pourraient être introduites à la fois sur les navires qui sont déjà opérationnels et ceux qui sont encore au stade de dessins.

Son autre défi est « d'ouvrir Naval Group, partager, faire du co-développement avec des partenaires académiques, des scientifiques, des start-ups. Mais ce n'est pas facile à cause de la nature confidentielle des projets ».

Mais elle collabore avec des dirigeants « qui sont prêts à me faire confiance » et lui laisser utiliser ses compétences en gestion pour « monter une équipe avec des gens qui sont un peu cristallisés dans leur cadre et de les en faire sortir. »

Béatrice n'éprouve pas d'obstacle à gérer des hommes « bien que j'ai eu des challenges bien sûr » et elle considère que les femmes ont généralement une approche très différente des hommes vis-à-vis de la gestion. De quel façon ? « J'apporte du liant, de l'empathie. Je ne m'implique pas dans les problèmes familiaux des gens, mais je pense que les gens ont besoin de se sentir soutenus même dans l'échec ». Et cela, assure-t-elle, les managers masculins ne savent pas toujours bien faire. 

Dès le début de sa vie professionnelle, Béatrice s'est jurée de maintenir un équilibre entre ses vie professionnelle et personnelle. Elle a aidé son mari à créer sa propre entreprise il y à huit ans en lui apportant occasionnellement des conseils financiers et stratégiques. « Il accepte que je sois souvent absente et aide beaucoup autour de la maison », dit-elle. Elle éprouve une grande fierté pour l'esprit innovant et entrepreneurial qu'ils ont développé à la maison. Lorsqu'un projet comme Natick, le premier centre de données immergé au monde, la maintient dans les Orcades loin de chez elle pendant des semaines, sa famille et ses amis « sont très solidaires ». L'équilibre reste fragile mais c'est « le sel de la vie de ma famille ».

Stéphanie Soton

Stéphanie Soton

Générale Anne Fougerat

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