Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

Justine
Justine au Paris Air Show. Crédit photo : Christina Mackenzie

Justine au Paris Air Show. Crédit photo : Christina Mackenzie

L'orange n'est pas une couleur qui sied à grand monde. Mais Justine porte fièrement sa combinaison de feu qui indique une personne impliquée dans des essais en vol. Tous ceux qui y participent, du pilote à l'ingénieur, s'habillent ainsi, de sorte que si les choses tournent mal et qu'ils doivent s'éjecter de l'avion les sauveteurs les trouveront plus facilement.

Justine, dont je ne suis pas autorisée à révéler le nom de famille pour des raisons de sécurité, est une civile de la Défense. C'est une jeune ingénieure d'essais en vol spécialisée dans les liaisons de données tactiques. Elle est sur le point de commencer une autre année d'études afin de devenir ingénieure en chef des essais en vol. Nous avons discuté un après-midi du Paris Air Show au Bourget, un moment de calme loin de la foule et du bruit.

 ”Je suis vexée si on me dit que j’ai eu mon poste parce que je suis une femme. C’est la punition ultime”

« Je ne m'y connaissais pas du tout en aéronautique étant enfant », raconte-t-elle, « mais quand j'avais environ 13 ans, j'ai pris l'avion pour la première fois et nous avons été autorisés à monter dans le cockpit. J'étais fascinée et j'ai décidé sur le champ que j'allais devenir pilote de ligne ! »

Mais au cours de sa première année de préparation au concours pilote de l'École nationale de l'aviation civile française (ENAC) « je me suis rendue compte qu'en fait j'étais plus intéressée par le côté ingénierie des choses alors j'ai décidé de ne pas passer le concours. » A la place, elle a basculé sur une prépa pour intégrer l'ISAE-Supaéro, une école d'ingénieurs à Toulouse spécialisée dans le domaine de l'ingénierie aérospatiale. Les études de prépa sont brutales. Sur les milliers de candidats seuls 120 sont admis... Justine parmi eux, avec une quinzaine d'autres filles. « Jamais pendant mes études je n'ai ressenti de différence entre les filles et les garçons. Il y avait toujours une relation d'équilibre. Nous étions des étudiants tous ensemble, avec les mêmes craintes et espoirs », remarque-t-elle. Cela fait quatre ans qu'elle a obtenu son diplôme « et avec mes camarades de promo nous avançons tous au même rythme », note-t-elle avec satisfaction.

Ce qui l'ennuie parfois aujourd'hui, c'est le paternalisme de certains de ses collègues masculins d'âge plus mûr. « Je ne veux pas être félicitée pour mon parcours », dit-elle avec indignation. « Je suis vexée si on me dit que j'ai eu mon poste parce que je suis une femme. C'est la punition ultime. » Justine remarque que certains ne lui parlent pas de la même manière qu'à ses collègues masculins. « Il y en a pour qui c'est dur d'avoir une jeune femme qui les commande », dit-elle. Mais en général, elle trouve qu'il y a beaucoup de bonne volonté envers les cinq ou six d’entre elles dans l'équipe d'essais de 80 personnes. Dans son département, les liaisons de données, elles sont deux femmes dans l'équipe de 10.

Les stages étaient obligatoires pendant ses études. Elle en a effectué chez Dassault Falcon Jet (USA), chez ATR et à l'EPNER (Ecole du Personnel Navigant d'Essais et de Réception), l'une des quatre principales écoles de pilotage dans l'hémisphère occidental. Elle est sous l'égide de la DGA, la direction général de l'armement, une des branches du ministère des forces armées. « C'est là qu'ils forment les pilotes, les ingénieurs, les mécaniciens, les techniciens, les contrôleurs aériens et les parachutistes qui seront spécialisés dans les essais en vol », explique-t-elle. « C'est le stage qui m'a le plus plu », dit-elle, raison pour laquelle elle a ensuite rejoint le ministère comme civile de la défense plutôt qu' « ingénieure de l'armement, car quand on prend des galons on a moins de poste 'sur le terrain' et c'est justement d'être en action qui me plaît pour le moment. Mais en tant que civile de la défense, j'ai ce sentiment de service, de la loyauté envers mon pays. Ça m'intéresse vraiment de savoir que je suis utile à une cause, à une personne, à ma famille », souligne-t-elle.

En septembre 2020, elle commencera un cursus d'un an à l'EPNER et en sortira comme ingénieure en chef des essais en vol « ce qui est comme être chef d'orchestre », dit Justine avec enthousiasme « et j'adore ça parce que c'est un travail d'équipe. »

Pendant ses études à Supaéro, elle a obtenu l'une des 20 places disponibles pour passer son brevet de pilote privé à des prix préférentiels. Il est important d'avoir une expérience de pilote parce que si quelque chose devait arriver au pilote pendant un vol d'essai, elle pourrait faire atterrir l'avion. Elle a également son brevet de pilote de planeur. « Voilà un sport hypergerbatif », rit-elle. Un mot que je ne connaissais pas ! La nausée n'est-elle pas un problème dans un avion de combat, justement ? « Oh, vous vous habituez à voler et puis il y a des patchs anti-nausées, un peu comme ceux à la nicotine, qui fonctionnent apparemment très bien », sourit-elle.

Un diamant clignote sur son annulaire gauche. Justine s'est très récemment fiancée à un jeune homme « exceptionnel » qu'elle a rencontré à l'école. Comment vont-ils concilier leurs carrières avec leur vie personnelle? « Ce n'est pas facile », admet-elle, « c'est un travail de tous les jours. » En ce moment, ils travaillent chacun dans différentes parties du pays. « Mais il va démissionner pour me suivre à Istres (sud-ouest de la France) quand je serai à l'EPNER. À l'avenir, ce sera peut-être l'inverse ! » Elle a l'air pensive.

Adjudante-cheffe Erika

Adjudante-cheffe Erika

Colonelle Anne-Cécile Ortemann

Colonelle Anne-Cécile Ortemann