Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

Véronique Cham-Meilhac

Véronique Cham-Meilhac

Véronique Cham-Meilhac, qui porte par hasard les couleurs de MBDA ! Crédit photo : Christina Mackenzie

Véronique Cham-Meilhac, qui porte par hasard les couleurs de MBDA ! Crédit photo : Christina Mackenzie

Véronique est l'une des très rares femmes cadres supérieures dans le secteur des missiles, un monde à forte prédominance masculine. Mais elle a heurté le plafond de verre. A la tête du développement commercial des systèmes de défense du fabricant de missiles européen MBDA, elle note qu'elle est « au même niveau hiérarchique depuis près de 20 ans » et regrette qu'aucune femme ne soit membre du comité exécutif.

“Si une seule femme était sur le comité de direction ce serait plus facile pour les autres femmes de progresser dans cette entreprise”

C'est peut-être parce que sa carrière ne progressera plus, qu'elle ne craint pas le franc parler : « Beaucoup d'énergie a été dépensée pour ne pas laisser passer les femmes », aux postes de direction, me dit-elle, ajoutant « que si une seule femme était sur le comité de direction ce serait plus facile pour les autres femmes de progresser dans cette entreprise » où elle a travaillé presque toute sa vie professionnelle. Mais elle espère que cela changera à l'avenir.

Elle admet jovialement lors de notre déjeuner que son chemin est le résultat de « choix aléatoires ». Les professeurs de son lycée à Montpellier l'ont encouragée à poursuivre son intérêt pour les sciences et les mathématiques ; elle a donc postulé pour plusieurs écoles d'ingénieurs. Elle choisit « au hasard » l'Ecole Polytechnique Féminine (aujourd'hui rebaptisée EPF), fondée par une femme en 1925 pour offrir aux filles un cursus spécifique pour les ingénieures. « C'est ici que j'ai découvert le milieu aéronautique et ce choix de spécialisation a maturé au fil du temps, notamment après avoir effectué un long stage sur hélicoptère à Marignane », raconte-t-elle.

Son intérêt pour l'aéronautique la pousse à l'ENSTA (voir glossaire) d'où elle sort diplômée. Mais sa tentative d'embauche chez Matra Space échoue car ont lui propose de faire de l'informatique « mais cela ne m'attirait pas du tout parce que ce qui m'a toujours intéressé c'est de mener à bien un projet, du début à la fin y compris ceux qui nécessitent un haut niveau d'expertise technologique. » Elle a travaillé brièvement dans le secteur métallurgique mais a ensuite décidé de tenter de nouveau sa chance chez Aérospatiale (aujourd'hui Airbus). « Ils embauchaient dans le secteur des missiles, auquel je n'avais pas du tout pensé ! » rit-elle.

« J'ai eu un entretien extrêmement misogyne avec un homme qui pensait clairement que c'était une entreprise qui ne pouvait pas intéresser une femme, mais il m'a finalement proposé un stage de trois mois », ce qui était plutôt impertinent étant donné qu'elle avait déjà 25 ans. Mais elle l'a accepté. « Je ne savais pas ce que j'allais trouver », se souvient-elle. « Je suis tombée dans un service de guidage et de pilotage des missiles dirigé par un homme formidable. Lui à très bien compris ce que je voulais faire. » Huit ans plus tard (le stage s’étant transformé en emplois) elle avait envie de faire autre chose.

Alors elle a migré vers le service export où elle était responsable des compensations directes, notamment en Egypte, en Belgique et au Portugal. « Je n'ai jamais eu de problèmes dans ce travail en raison de mon sexe », souligne-t-elle. « Une fois que mes collègues avaient compris que j'étais compétente, c'est tout ce qui comptait. »

Elle a ensuite eu l'opportunité de créer le département marketing et stratégie chez Aérospatiale « et je me suis donc retrouvée à embaucher des femmes : pas que des scientifiques mais aussi des filles d'écoles de commerce. » Je lui demande s'il n'a pas été difficile d'amener les femmes à accepter un emploi dans une entreprise dont le produit final est conçu dans le but de détruire. « Mais aussi pour protéger », rétorque-t-elle. « Je suis passionnée par ce que je fais. Je crois en la Nation française et je crois qu'elle doit avoir les moyens de se défendre; c'est une question de souveraineté », explique Véronique de façon convaincante.

Elle explique qu'elle a eu « beaucoup d'autonomie dans ce métier ce qui donne confiance et j'ai également eu beaucoup d'hommes qui m'ont aidé. » Mais il y a aussi eu ceux qui ont tenté de la faire échouer, notamment lorsqu'elle était chargée d'entreprendre la due diligence pour Aérospatiale en 1999 lors de sa fusion avec une autre société française, Matra Hautes Technologies, pour former Aérospatiale Matra Missiles (AMM).

Pendant ce temps, Véronique s'est mariée (deux fois) et a eu un fils et deux filles, prenant tous les congés maternité qui lui étaient dûs, mais pas plus. « J'avais une nounou à temps plein à la maison. Bien sûr, c'était cher mais c'était un choix financier. » Ses enfants adultes sont fiers de son parcours « mais j'ai eu droit aux «  'tu n'es jamais là'. Bien sûr que j'y étais ! » Elle insistait, dit-elle, sur le fait de « se déconnecter totalement » lorsqu'elle quittait le bureau, même si c'était souvent tard le soir, et de rarement travailler le week-end. « C'était plus facile, d'une certaine manière, à cette époque, car il n'y avait ni téléphone portable ni ordinateur à la maison, de sorte que la différence entre la vie professionnelle et la vie personnelle était nette. »

Ses dernières remarques s'adressent à son père. « C'est lui qui m'a fait réfléchir à ce que je pouvais faire. C'est lui qui m'a aidée à me construire. »

Générale Anne Fougerat

Générale Anne Fougerat

Mary L. Keifer

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