Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

Aspirant Laure

Aspirant Laure

L’aspirant Laure. Photo personnelle

L’aspirant Laure. Photo personnelle

Laure est la femme la plus jeune que j'ai interviewée pour Wombat jusqu'à présent et aussi la seule dont la vie a été changée par un examen ophtalmologique ! Elle n'a que 22 ans, mais derrière sa façade bavarde et décontractée, il y a un personnage très déterminé qui sait comment obtenir ce qu'elle veut. Et ce qu'elle veut, c'est de piloter des avions de patrouille pour la Marine française.

« J'étais absolument convaincue que ce serait impossible car je porte des lunettes et il y a très peu de jeunes pilotes avec des lunettes », me confie-t-elle, mais son instructeur d'aéroclub l'a poussée à se rendre dans un hôpital militaire à Paris et à faire tester ses yeux. « Et ce test a bouleversé ma vie », sourit-elle, admettant qu'elle ne comprend pas vraiment exactement pourquoi elle a besoin de lunettes car elle n'est ni presbyte ni myope. « Quelque chose à voir avec le fait que mes yeux travaillent trop et alors se fatiguent », explique-t-elle. Mais quoi qu'il en soit, elle a obtenu l’autorisation de ses médecins pour poursuivre son rêve de devenir pilote.

“Il est (...) très important d’avoir un plan B” 

Elle avait prévu d'aller à l'université et de devenir ingénieure après avoir passé un baccalauréat scientifique puis un BTS en aéronautique. Mais une fois ce plan renversé, elle s'est rendu compte qu'elle manquait de confiance pour réussir les tests de sélection de la Marine et que son anglais n'était pas à la hauteur. Ainsi, avec un visa vacances-travail tamponné dans son passeport elle s'est envolée pour la Nouvelle-Zélande « où j'ai fait toutes sortes de petits boulots: vendanges, toilettage de chiens, travaux ménagers ». Elle est restée sept mois, puis s'est envolée pour l'Australie pour y séjourner un mois suivit d'un autre en Thaïlande. Cette expérience l'a mûrie, lui donnant la confiance nécessaire pour pousser la porte d'un centre de recrutement de la Marine à l'été 2018 où elle a été sélectionnée pour le cours de présélection à l'Ecole de pilotage EIP 50S de Lanvéoc-Poulmic en Bretagne.

« Personne dans ma famille ne s'est engagée dans les forces armées et aucun n'est pilote », me dit-elle via Skype depuis son jardin ensoleillé. Elle a le temps de parler car elle est en congé jusqu'à la fin du confinement imposé à cause du coronavirus. « J'attends de me rendre dans le sud à [l'Académie de l'Air] Salon-de-Provence pour commencer mon stage d'aviation de six mois suivi de trois mois sur le Cirrus SR20*. J'irai ensuite à l'école de pilotage de l'Armée de l'Air à Cognac pour m'entraîner sur le Grob 120** pendant un an et ma dernière année sera à Avord pilotant un Xingu***. Ensuite, en fonction de ses performances, elle pourra choisir le type d'avion qu'elle souhaite piloter.

Laure se prépare depuis longtemps. « J'ai obtenu mon brevet d'initiation aéronautique à 15 ou 16 ans et j'ai ensuite motivé mes parents pour me permettre de rejoindre le Club des Ailes Armoricaines où j'ai obtenu ma licence de pilote privé et appris à piloter des planeurs », dit-elle en riant. Son instructeur au club était pilote militaire et Laure dit que c'est lui qui l'a encouragée à penser à devenir pilote professionnelle ... et à se faire tester les yeux!

Elle explique que « le test de présélection réduit le nombre de candidats ! Nous étions 12 pour commencer, puis cinq après le premier jour et seulement trois à la fin de la semaine : deux garçons et moi ! Il est donc très important d'avoir un plan B. » Pendant la semaine de présélection les connaissances aéronautiques générales des candidats sont testées ainsi que l'anglais « qui est très important car si on rate l'épreuve d'anglais, on est éliminé d'office  ! » souligne-t-elle. Il y a des entretiens avec des psychologues et avec l'équipe de recrutement « pour déterminer vos véritables motivations d'engagement dans la Marine », et, bien sûr, le sport. « Je suis moyennement sportive », glousse Laure, « alors je me suis préparée. Il y avait de la natation, de la course à pied, des pompes et des tractions et des exercices abdominaux. »

Deux mois plus tard, en janvier 2019, elle s'est rendue au port méditerranéen de Toulon pour la deuxième partie des tests de présélection qui incluent le test sur simulateur décrit par le sous-lieutenant Hélène [portrait précédent] dans lequel le candidat doit piloter le simulateur d’avion tout en mémorisant des images, des nombres et en faisant de l'arithmétique mentale. Laure était la seule femme à participer à ce test de sélection en vol.

Elle l'a passée avec brio mais il y a eu un hic. « J'avais eu un problème médical quand j'avais deux ou trois ans et ils ont dit que cela me rendait inapte à m'engager. J'ai donc dû constituer un dossier médical complexe et j'ai finalement signé mon contrat de 10 ans renouvelable [une fois] en septembre 2019. »

Laure est un officier sous contrat et non un officier de carrière. « Cela veut dire que je peux m'arrêter à 32 ans ou renouveler et continuer jusqu'à 42 ans », dit-elle, l'air de trouver cette échéance tellement lointaine que ce n'est même pas la peine d'y penser !! Dans trois ans, elle aura le grade de sous-lieutenant mais n'ira jamais au-delà de lieutenant ... à moins qu'elle ne décide de changer de statut et de devenir officier de carrière.

Laure devant un CAP 10. Photo personnelle

Laure devant un CAP 10. Photo personnelle

* Un avion à quatre ou cinq places équipé du Cirrus Airframe Système de Parachute qui se déploie pour que l'avion descende en toute sécurité en cas de perte de contrôle, de défaillance structurelle ou de collision. Fabriqué par Cirrus Aircraft au Minnesota, il est utilisé comme avion d'entraînement par l'Armée de l'Air française, la Marine nationale et la U.S. Air Force. Il fait 7,92 m de long avec une envergure de 11,68 m, a une vitesse maximale de 287 km / h et peut voler jusqu'à une altitude de 5 300 m. Le premier vol a eu lieu en 1999.


** Un avion d'entraînement et de voltige biplace, monomoteur, conçu et construit par l'allemand Grob Aircraft spécifiquement pour la formation des pilotes militaires et civils. Le cockpit est suffisamment grand pour permettre aux stagiaires de porter du matériel militaire et des casques. Il fait 8,65 m de long avec une envergure de 10,19 m, a une vitesse maximale de 319 km / h, une autonomie de 1 540 km et peut voler jusqu'à une altitude de 5 500 m. Le premier vol a eu lieu en 1999.


*** Un avion bimoteur construit par le Brésilien Embraer, l'EMB 121 Xingu (prononcez : shingoo) est utilisé pour former les pilotes d'avions multimoteurs alors son cockpit est équipé de deux jeux de commandes. Il mesure 12,25 m de long avec une envergure de 14,45 m, a une vitesse maximale de 426 km / h, une autonomie de 2 352 km et peut voler jusqu'à une altitude de 6 858 m. Le premier vol a eu lieu en 1976.

Premier maître Hélène

Premier maître Hélène

Enseigne de vaisseau Hélène

Enseigne de vaisseau Hélène